A l’occasion de la journée mondiale de la santé 2021, le docteur et dentiste conseil Promodentaire, Sylvain Mareschi revient sur cette journée célébrant la création de l’OMS, et aborde plusieurs thématiques importantes de l’année 2020. Le docteur revient notamment sur la crise de la Covid 19, sa gestion et son impact sur notre société et sur le secteur dentaire depuis quelques mois.
Il nous donne également quelques éléments d’espoirs pour l’année 2021 et adresse un chaleureux hommage à tous les professionnels fortement impactés par cette crise.
Bonjour Sylvain, le 7 avril 2021 c’est la journée mondiale de la santé.
Que savez-vous de cet évènement en tant que dentiste ?
Depuis 1950, tous les ans le 7 avril, l’OMS place sous le feu des projecteurs un thème de santé public à l’échelle de la planète. L’organisation milite pour une meilleure santé pour tous, en interpellant les pouvoirs publics pour qu’ils s’engagent sur ce thème et en communiquant auprès des populations pour véhiculer des valeurs d’éducation thérapeutique. L’OMS a procédé à la première analyse comparative des systèmes de santé dans le monde. 5 indicateurs de références ont été utilisés pour mesurer la qualité des systèmes de santé dans les 191 états membres. La France fourni l’un des meilleurs soins de santé généraux.
Plus proche de nos préoccupations, le 20 mars 2021 s’est ténue sous l’égide de la Fédération Dentaire Internationale, la journée mondiale de la santé bucco-dentaire. Cette journée relayée par le tissu associatif au niveau local a pour objectif une motivation à l’hygiène bucco-dentaire, pour une réduction de la maladie carieuse et de la morbidité des maladies parodontales.
Toutes ces actions d’envergure mondiale, relayées par les acteurs locaux contribuent à une meilleure prise de conscience et une meilleure prise en charge de la santé bucco-dentaire. Elles ne peuvent qu’aller dans le bon sens, apportant chaque année une nouvelle pierre à l’édifice de l’éducation thérapeutique.
DEFINITION DE LA SANTÉ
Ces derniers mois, on a observé une prise de conscience générale sur l’importance d’être en bonne santé.
C’est quoi pour vous « être en bonne santé » ?
En effet, en l’espace de quelques jours, la santé est devenue un enjeu majeur pour tous les Français que la Covid peut toucher aveuglement et de façon plus ou moins dramatique. Il ne se passe pas un jour sans que l’on égrène les chiffres des contaminés, des hospitalisés ou des morts. La santé est devenue la préoccupation de tous les médias et par conséquent des Français avec en prime une entrave des libertés.
Le terme de comorbidité à fait irruption dans l’esprit des gens et les risques croisés sont maintenant une réalité pour beaucoup de patients qui ont pris conscience de la réelle importance d’être en bonne santé non seulement physique mais également mentale, c’est-à-dire en adéquation avec soi-même.
2020 a été une année anxiogène, une année d’angoisse à cause de la Covid 19. Il y a eu plusieurs confinements, un long couvre-feu, certaines activités ont été arrêté. Est-ce qu’on peut dire qu’être en bonne santé passe aussi par un bien être mental ?
2020 restera gravée comme l’année de l’arrêt complet de la quasi-totalité des activités professionnelles, y compris celle des cabinets dentaires. Pas tant à cause de la Covid elle-même qu’à cause de la mauvaise gestion anticipative des EPI par les pouvoirs publics. La profession a réduit son activité à la seule gestion des urgences, alors qu’elle disposait des matériels nécessaires à la poursuite de son activité de soins.
Face à l’inconnu le principe de précaution s’est imposé naturellement. Les études montrent que les chirurgiens-dentistes et leur personnel sont les plus exposés à la volatilité de la Covid. Ils ont su s’adapter lors de la reprise et notre personnel, secrétaires, assistantes et assistants ont été remarquables dans cette épreuve.
Mais au-delà de la bonne santé physique, 1 an de crise Covid a fait naître un besoin de santé psychique, largement mis à mal par des règles de confinement plus ou moins compréhensibles, et manquant de lisibilité, alors oui on peut affirmer aujourd’hui que la bonne santé passe par le bien être mental.
DENTISTES ET COVID 19
À la suite de la crise de la Covid 19, de nombreux dentistes ont affirmé que leur quotidien de travail a été fortement perturbé depuis 1 an. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Les chirurgiens-dentistes sont des professionnels libéraux avec toutes les contraintes organisationnelles et économiques que cela implique. Dans un premier temps, oubliés par les pouvoirs publics, puis écartés des aides gouvernementales, il a fallu toute la sagacité de nos instances syndicales et ordinales pour pouvoir bénéficier de certains dispositifs d’aide comme le recours au chômage partiel ou encore la prise en charge d’une partie des cotisations par la CPAM.
La reprise ensuite s’est faite dans un climat particulièrement tendu, entretenu par des médias voulant sans cesse occuper l’antenne, et des pouvoirs publics totalement perdus, cela a généré un niveau de stress hors du commun, qui s’est ajouté à notre stress quotidien déjà très élevé. Avec des règles d’organisation bien que légitimes difficilement applicables dans nos structures. Alors comme souvent, tout le monde s’est adapté comme il a pu, faisant de son mieux, et force est de constater que les choses fonctionnent plutôt bien, les cabinets fonctionnent normalement et la contamination au sein des cabinets dentaire n’est pas un sujet brulant de l’actualité. Notre personnel a été largement mis à contribution, et il a répondu présent comme toujours qu’il en soit ici remercié encore et encore.
Nos assistantes et assistants font un travail remarquable au quotidien, sans eux nous ne pourrions assurer notre mission de soins dans des conditions optimum.
OMS ET PROFESSIONNELS DU DENTAIRE
Cette journée célèbre également la création de l’OMS.
Quelle est la relation entre l’OMS et les professionnels du dentaire en général ?
L’OMS œuvre pour que la santé bucco-dentaire fasse « partie intégrante » de la santé en général.
Dans les pays dits « civilisés », elle aide à promouvoir l’hygiène bucco-dentaire dans les établissements scolaires et les lieux de travail, en prônant des habitudes et des modes de vie sains, en mobilisant les enseignants et les familles.
Dans les pays en voie de développement, elle contribue à l’éducation et à l’accès à l’hygiène bucco-dentaire mais également au dépistage des carences des maltraitances, et des malnutritions facteurs souvent indissociables des problèmes de santé bucco-dentaire.
En aout 2020, l’OMS a demandé le report de tous les soins dentaires non urgents, estimant que « cette profession était la plus exposée » et que « les milieux dentaires peuvent représenter un risque important de propagation du virus ».
Comment peut on lutter contre la propagation du virus en tant que dentiste ?
Comme je le disais précédemment, les chirurgiens-dentistes et le personnel des cabinets dentaires plus généralement, sont les professions les plus exposées à la Covid 19, donc on peut considérer qu’il s’agissait là d’une action légitime de l’application du principe de précaution face au peu d’informations disponibles ou plutôt à la cacophonie ambiante face à la Covid. Le temps et l’expérience ont montré qu’il n’en était rien et que cela ne s’avérait pas nécessaire. La mise en place de protocoles et de gestes barrières adaptés, pouvait permettre une poursuite des activités de soins sans prise de risques inconsidérés.
Si vous me posez la question de la lutte contre la propagation du virus dans les cabinets dentaires, pour avoir énormément travaillé sur le sujet lors du premier confinement, je vous renverrai à notre flyer spécial reprise sortie en juin 2020, que l’on peut résumer ainsi :
- Se protéger et protéger son personnel.
- Il faut éviter ou limiter au minimum la production de sprays.
- Capter et filtrer les sprays au plus près du lieu de genèse de ces derniers.
- Filtrer l’air du cabinet afin de décontaminer le spray qui a échappé aux précautions précédentes.
- Aérer et ventiler au maximum les locaux.
En fait la filtration de l’air s’adressait soit à du grand public avec des appareils plutôt destinés à filtrer les odeurs et promettant un « bien-être » sans véritables preuves scientifiques, soit à de l’industrie lourde technologique ou pharmaceutique nécessitant des degrés de traitement de l’air allant jusqu’à la salle blanche ou là, les preuves scientifiques ne manquent pas, et il ne viendrait à personne l’idée de les remettre en question.
Entre ces 2 mondes, peu de produits s’avéraient adaptés à nos cabinets, pourtant cela a été un travail passionnant et considérable de les rassembler au sein d’un flyer. Ensuite est apparu l’épineux problème de la disponibilité dans la période de flux tenu que nous avons connu, alors les praticiens fussent-ils motivés, ont dû réouvrir avec les moyens du bord. Mais tout ce qui a été écrit reste d’actualité.
ESPOIRS POUR 2021
La vaccination est vue par beaucoup de professionnels de santé comme la seule solution efficace pour lutter contre la Covid 19. C’est votre opinion également ?
Je ne sais pas si la vaccination est la seule solution efficace pour lutter contre la Covid 19, et ce serait bien présomptueux de ma part d’émettre un avis sur le sujet, c’est en tout cas la stratégie pour laquelle ont opté les pouvoirs publics. La vaccination fait partie de l’histoire de France et des Français, je ne pense pas qu’ils y soient farouchement opposés, une fois de plus c’est la cacophonie ambiante, les annonces, revirements, incertitudes, démentis et changement d’avis qui contribuent le plus à limiter la rapidité de son déploiement. D’ailleurs, la menace de la mise en place d’un passeport vaccinal fait peser sur les Français un retour à la vie normale sous condition de vaccination.
Je ne comprends d’ailleurs pas qu’alors que tout le monde s’accorde à dire que les cabinets dentaires sont les lieux d’exposition les plus importants, que notre personnel n’ait pas un accès prioritaire au vaccin. Libre à eux de l’accepter ou non mais ils devraient être considérés comme prioritaires.
Que peut-on espérer d’ici la fin de l’année 2021 ?
Personnellement j’aspire à plus de lisibilité, à des annonces de mesures logiques et réalistes, en un mot à la fin de cette cacophonie. Nous chirurgiens-dentistes ne seront plus confinés, les EPI et matériels étant maintenant fabriqués en quantités suffisantes, même si leur prix se sont envolés, nous pourrons travailler. Nous avons fermé deux mois et demi, nous souffrons depuis un an, nous nous en remettrons.
Mais je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ces professionnels, qu’ils soient artisans, restaurateurs, commerçants, entrepreneurs, industriels ou salariés, qui ont soit tout perdu ou vu leur activité drastiquement réduite, sans savoir comment ou si même elle pourra reprendre.
Sans compter des drames humains liés à l’isolement des personnes âgées mais pas seulement, à la tristesse et la dureté du télétravail pour certains, ou encore la privation de liberté. Nos concitoyens ont besoin de lisibilité, de liberté, d’espoirs, et de projets, alors mon souhait pour 2021 est une année sans renoncement, sans résignation, ou nous devons tous aller de l’avant, solidaires et motivés plus que jamais.
J’espère que 2021 sera pour tous une année de projets, car les projets sont porteurs d’espoir, ils participent au bien-être mental et ce sont des fenêtres ouvertes sur l’avenir.
« Le projet est un brouillon de l’avenir. Parfois, il faut à l’avenir des centaines de projets » Jules RENARD
« Les projets sont les promesses de l’imagination faite au cœur » Jean-Louis VAUDOYER